Oh, pardon, tu dors…

Aux derniers jours du XXe siècle, du 30 septembre au 3 octobre 1999, elle avait présidé la 10e édition du Dinard Festival du Film Britannique. Treize ans plus tard exactement, le 4 octobre 2012, elle faisait un aller-retour Paris-Dinard pour une visite surprise à sa fille Kate Barry, photographe de renom, qui exposait une série de photos de notre ville. Un portrait intime de Dinard, que l’on peut retrouver dans le délicieux ouvrage cosigné avec Jean Rolin, Dinard, essai d’autobiographie immobilière, paru aux éditions de la Table Ronde.

Kate avait alors réservé à sa mère une visite guidée. Jane avait de son côté évoqué le séjour à Dinard durant l’été 1939 du petit Lulu Ginsburg, futur Serge, dont le père, Joseph, avait accepté un contrat de pianiste au Casino. Un an après ces retrouvailles entre Jane et sa fille, Kate Barry mourrait tragiquement à Paris, le 12 décembre 2013.

Etait-ce en souvenir de cette journée heureuse avec sa fille que Jane Birkin avait accepté, il y a tout juste deux ans, de quitter sa maison du Finistère pour être la marraine de la première édition du festival Dinard Opening ? Tous ceux qui ont assisté au concert qu’elle avait donné le 15 aout 2021 dans le parc de Port Breton, en gardent un souvenir ébloui. Jane Birkin y avait chanté, en français comme en anglais, les plus belles chansons de Serge Gainsbourg, mais aussi ce qui restera comme son dernier disque, Oh Pardon tu dormais, composé avec Etienne Daho, qui l’avait discrètement rejointe sur scène pour le final. Dans une chanson bouleversante, elle évoquait les jeux interdits de l’enfance, et la mémoire de nos chers défunts, tels des fantômes familiers : « Grandpa, grandma, mother, father, daughter… », chantait Jane, nous rendant sa famille anglaise si proche. Ce fut son dernier concert. Elle traçait à sa façon un pont entre la France et l’Angleterre. Jane B, tu nous manques tellement. Comment te dire adieu ?

Vincent Remy, adjoint à la Culture de Dinard